Page:Rolland - Colas Breugnon.djvu/81

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séraphins. Ne parle pas de ces gens-là ! Moine et curé, c’est chien et chat.

— Alors, curé, tu n’y crois pas, à ces reliques ?

— Non, pas aux leurs, je crois aux miennes. J’ai l’os acromion de sainte Diétrine, qui éclaircit l’urine et le teint des diétreux[1]. Et j’ai le bregmatis carré de saint Étoupe qui chasse les démons des ventres des moutons… Veux-tu bien ne pas rire ! Parpaillot, tu te gausses ? Tu ne crois donc à rien ? J’ai les titres ici (aveugles qui en doute ! je m’en vais les chercher), sur parchemin signés ; tu verras, tu verras leur authenticité.

— Reste assis, reste assis, et laisse tes papiers. Tu n’y crois pas non plus, Chamaille, ton nez bouge… Quel qu’il soit, d’où qu’il vienne, un os sera toujours un os, et qui l’adore un idolâtre. Chaque chose en sa place : les morts au cimetière ! Moi, je crois aux vivants, je crois qu’il fait grand jour, que je bois et raisonne — et raisonne fort bien — que deux et deux font quatre, que la terre est un astre immobile et perdu dans l’espace tournant ; je crois en Guy Coquille, et puis te réciter, si tu veux, tout du long, le recueil des Coutumes de notre Nivernois ; je crois aussi aux livres où la science de l’homme et son expérience goutte à goutte se filtrent ; par-dessus tout, je crois en mon entendement. Et (cela va sans dire) je crois également en la sacrée Parole. Il n’est d’homme prudent et sage d’en douter. Es-tu content, curé ?

  1. Des dartreux.