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JEAN-CHRISTOPHE À PARIS

blanche, le soleil resplendissait. On entendait les oiseaux qui chantaient. Melchior et le grand-père étaient assis sur le devant de la porte, et fumaient en causant et riant très fort. Louisa ne les voyait pas ; mais elle se réjouissait que son mari fût à la maison, ce jour-là, et que le grand-père fût de si bonne humeur. Elle était dans la pièce du bas, et préparait le dîner : un dîner excellent ; elle le veillait comme la prunelle de ses yeux ; il y avait une surprise : un gâteau aux marrons ; elle jouissait d’avance des cris de joie du petit… Le petit, où était-il ? Là-haut : elle l’entendait, il étudiait son piano. Elle ne comprenait pas ce qu’il jouait, mais c’était un bonheur pour elle d’entendre ce petit gazouillement familier, de savoir qu’il était là, bien sagement assis… Quelle belle journée ! Les grelots joyeux d’une voiture passaient sur le chemin… Ah ! mon Dieu ! Et le rôti ! Pourvu qu’il ne fût pas brûlé, tandis qu’elle regardait par la fenêtre ! Elle tremblait que le grand-père, qu’elle aimait tant, et qui l’intimidait, ne fût pas content, qu’il lui fît des reproches… Grâce à Dieu, il n’y avait aucun mal. Voilà, tout était prêt, et la table était servie. Elle appelait Melchior et le grand-père. Ils répondaient avec entrain. Et le petit ?… Il ne jouait plus. Depuis un moment, son piano s’était tu, sans qu’elle l’eût remarqué… — « Christophe ! »… Que faisait-il ? On n’entendait aucun bruit. Toujours il oubliait de descendre pour le dîner : le