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l’aube

souffrir encore !… Ah ! que c’est bon d’être fort ! Que c’est bon de souffrir, quand on est fort !…

Il rit. Son rire résonna dans le silence de la nuit. Son père se réveilla, et cria :

— Qui est là ?

La mère chuchota :

— Chut ! c’est l’enfant qui rêve !

Ils se turent tous trois. Tout se tut autour d’eux. La musique disparut. Et l’on n’entendit plus que le souffle égal des êtres endormis dans la chambre, compagnons de misères, attachés côte à côte par le sort dans la même barque fragile, qu’une force vertigineuse emporte dans la nuit.