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l’aube

très ému, s’imaginant que la corde était plus lourde cette fois, et qu’il allait ramener un trésor, ainsi que dans une histoire que lui avait contée grand-père…

Sans cesse, il lui arrivait, au milieu de tous ces jeux, d’avoir des instants de rêvasserie étrange et de complet oubli. Tout ce qui l’entourait s’effaçait alors, il ne savait plus ce qu’il faisait, il ne se souvenait même plus de lui-même. Cela le prenait à l’improviste. En marchant, en montant l’escalier, un vide soudain s’ouvrait en lui. Il semblait qu’il ne pensât plus à rien. Mais quand il revenait à lui, il avait un étourdissement, en se retrouvant à la même place, dans l’obscur escalier. C’était comme s’il avait vécu toute une vie, — l’espace de quelques marches.