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DANS LA MAISON

voyaient trop de gens qui s’en occupaient sans conscience et sans bon sens, et parce qu’ils avaient peur qu’on ne les assimilât à ces charlatans et à ces sots. Chez presque tous, le dégoût, la fatigue, la peur de l’action, de la souffrance, de la laideur, de la bêtise, du risque, des responsabilités, le terrible : « À quoi bon ? » qui anéantit la bonne volonté de tant de Français d’aujourd’hui. Ils sont trop intelligents, — (d’une intelligence sans larges coups d’aile), — ils voient trop toutes les raisons pour et contre. Manque de force. Manque de vie. Quand on est très vivant, on ne se demande pas pourquoi l’on vit ; on vit pour vivre, — parce que c’est une fameuse chose de vivre !

Enfin c’était, chez les meilleurs, un ensemble de qualités sympathiques et moyennes : une certaine philosophie, une modération de désirs, un attachement affectueux à la famille, au sol, aux habitudes morales, une discrétion, une peur de s’imposer, de gêner les autres, une pudeur de sentiment, une réserve perpétuelle. Tous ces traits aimables et charmants pouvaient très bien se concilier, en certains cas, avec la sérénité, avec le courage, avec la joie intérieure ; mais ils n’étaient pas sans rapports avec l’appauvrissement du sang, la décrue progressive de la vitalité française.


Le gracieux jardin d’en bas, au pied de la