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DANS LA MAISON

tophe jugeait les actes et les hommes immoraux, en voyant tout plus gros et plus brutal que dans la réalité, choquait Olivier, qui, bien qu’aussi moral, n’était pas du même acier inflexible, mais qui se laissait tenter, teinter, toucher par les influences extérieures. Il protestait contre les exagérations de Christophe, et il exagérait en sens inverse. Journellement, ce travers d’esprit le conduisait à soutenir contre ses amis la cause de ses adversaires. Christophe se fâchait. Il reprochait à Olivier ses sophismes, son indulgence pour les gens et les choses ennemies. Olivier souriait : il savait bien quelle absence d’illusions recouvrait son indulgence ; il savait bien que Christophe croyait à beaucoup plus de choses que lui, et qu’il les acceptait mieux ! Mais Christophe, sans regarder ni à droite ni à gauche, fonçait droit devant lui. Il en avait surtout à la « bonté » parisienne.

— Le grand argument dont ils sont si fiers pour « pardonner » aux gredins, c’est, disait-il, que les gredins sont déjà bien assez malheureux de l’être, ou qu’ils sont irresponsables et malades… Mais d’abord, il n’est pas vrai que ceux qui font le mal soient malheureux. C’est là une idée de morale en action, de mélodrames niais, d’optimisme béat et stupide, comme celui qui s’étale dans Scribe et dans Capus, — (Scribe et Capus, vos grands hommes parisiens, les artistes dont est digne votre société de bourgeois jouisseurs,