Page:Rolland - Jean-Christophe, tome 7.djvu/169

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Olivier n’était au courant de rien. Christophe avait pris pour témoins les premiers venus qui ne fussent pas pour lui tout à fait des étrangers : le critique musical Théophile Goujart, et un Allemand, le docteur Barth, privat-docent dans une université suisse, qu’il avait rencontré un soir dans une brasserie, et avec qui il avait lié connaissance, quoiqu’il eût peu de sympathie pour lui : mais ils pouvaient parler ensemble du pays. Après entente avec les témoins de Lucien Lévy-Cœur, l’arme choisie fut le pistolet. Christophe ignorait également toutes les armes, et Goujart lui dit qu’il ne ferait pas mal de venir avec lui à un tir pour prendre au moins quelques leçons ; mais Christophe s’y refusa ; et, en attendant le lendemain, il se remit au travail.

Son esprit était distrait. Il entendait bourdonner, comme dans un mauvais sommeil, une idée fixe, dont il avait la conscience vague… « C’était désagréable, oui, désagréable… Quoi donc ? — Ah ! ce duel, demain… Plaisanterie ! On ne se touche jamais… Cela se pourrait pourtant… Eh bien, après ?… Après, mais justement, après…

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