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DANS LA MAISON

elle fait de votre Paris un cloaque de boue. Que faites-vous ? Vous vous récriez contre votre administration, qui vous laisse dans l’ordure. Mais vous, faites-vous quelque chose pour en sortir ? Qu’à Dieu ne plaise ! Vous vous croisez les bras. Aucun n’a le cœur de dégager seulement le trottoir devant sa maison. Personne ne fait son devoir, ni l’État, ni les particuliers ; l’un et l’autre se croient quittes, en s’accusant mutuellement. Vous êtes tellement habitués par vos siècles d’éducation monarchique à ne rien faire par vous-mêmes que vous avez toujours l’air de bayer aux corneilles, dans l’attente d’un miracle. Le seul miracle possible, ce serait que vous vous décidiez à agir. Vois-tu, mon petit Olivier, vous avez de l’intelligence et des vertus à revendre ; mais c’est le sang qui vous manque. À toi, tout le premier. Ce n’est ni l’esprit, ni le cœur qui est malade chez vous. C’est la vie. Vous vous en allez.

— Qu’y faire ? Il faut attendre que la vie revienne.

— Il faut vouloir qu’elle revienne. Il faut vouloir guérir. Il faut vouloir ! Et pour cela, d’abord, il faut faire rentrer l’air pur chez vous. Quand on ne veut pas sortir de sa maison, au moins faut-il que sa maison soit saine. Vous l’avez laissé empester par les miasmes de la Foire. Votre art et votre pensée sont aux deux tiers adultérés. Et votre découragement est tel que de cela non plus vous ne songez pas à vous indigner, à peine à