Page:Rolland - Jean-Christophe, tome 7.djvu/240

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

228
JEAN-CHRISTOPHE À PARIS

reflets décolorés du jour, Christophe reconnut les yeux fiévreux de la femme en deuil. Il fut saisi. Debout au seuil de la chambre, elle dit, la gorge serrée :

— Je viens… Voulez-vous… Voulez-vous me la donner ?

Christophe lui prit la main. Mme  Germain pleurait. Puis, elle s’assit, au chevet du lit. Après un moment, elle dit :

— Laissez-moi la veiller…

Christophe remonta à son étage, avec l’abbé Corneille. Le prêtre, un peu gêné, s’excusait d’être venu. Il espérait, disait-il avec humilité, que le mort ne saurait le lui reprocher : ce n’était pas comme prêtre, c’était comme ami qu’il était là. Christophe, trop ému pour parler, le quitta en lui serrant affectueusement la main.

Le lendemain matin, lorsque Christophe revint, il trouva l’enfant au cou de Mme  Germain, avec la confiance naïve qui livre sur-le-champ ces petits êtres à ceux qui ont su leur plaire. Elle consentit à suivre sa nouvelle amie… Hélas ! Elle avait bien vite oublié son père adoptif. Elle montrait la même affection à sa nouvelle maman. Ce n’était pas très rassurant. L’égoïsme d’amour de Mme  Germain le voyait-il ?… Peut-être. Mais qu’importe ? Il faut aimer. Le bonheur est là…

Quelques semaines après l’enterrement, Mme  Germain emmena l’enfant à la campagne, loin de Paris. Christophe et Olivier assistaient au