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JEAN-CHRISTOPHE À PARIS

qui vous emporte, ces démons réveillés dans votre cœur…

— Ils m’épouvantent, dit Olivier. J’aime mieux la solitude éternelle que l’union de mon peuple, à ce prix.

Ils se turent ; et ni l’un ni l’autre n’osait aborder le sujet qui les troublait. Enfin, Olivier fit un effort, et, la gorge serrée, il dit :

— Dis-moi franchement, Christophe : tu allais partir ?

Christophe répondit :

— Oui.

Olivier était sûr de la réponse. Et pourtant, il en eut un coup au cœur. Il dit :

— Quoi, Christophe, tu aurais pu… ?

Christophe se passa la main sur le front, et dit :

— Ne parlons plus de cela, je ne veux plus y penser.

Olivier répétait douloureusement :

— Tu te serais battu contre nous ?

— Je ne sais pas, je ne me suis pas demandé.

— Mais dans ton cœur, tu avais pris parti ?

Christophe dit :

— Oui.

— Contre moi ?

— Jamais contre toi. Tu es mien. Où je suis tu es avec moi.

— Mais contre mon pays ?

— Pour mon pays.