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DANS LA MAISON

père allait le gronder encore. Elle montait précipitamment l’escalier… — « Christophe ! »… Il se taisait. Elle ouvrait la porte de la chambre, où il travaillait. Personne. La chambre était vide ; le piano était fermé… Louisa était prise d’angoisse. Qu’est-ce qu’il était devenu ? La fenêtre était ouverte. Mon Dieu ! s’il était tombé ! Louisa est bouleversée. Elle se penche pour regarder… — « Christophe ! »… Il n’est nulle part. Elle parcourt toutes les chambres. D’en bas, le grand-père lui crie : « Viens donc, ne t’inquiète pas, il nous rejoindra toujours. » Elle ne veut pas descendre ; elle sait qu’il est là : il se cache pour jouer, il veut la tourmenter. Ah ! le méchant petit !… Oui, elle en est sûre maintenant, le plancher a craqué ; il est derrière la porte. Elle veut ouvrir la porte. Mais la clef n’y est pas. La clef ! Elle cherche précipitamment dans un tiroir, au milieu d’une quantité d’autres clefs. Celle-là, celle-là,… non, ce n’est pas cela… Ah ! la voilà enfin !… Impossible de la faire entrer dans la serrure. La main de Louisa tremble. Elle se dépêche ; il faut se dépêcher. Pourquoi ? Elle ne sait pas ; mais elle sait qu’il le faut : si elle ne se hâte point, elle n’aura plus le temps. Elle entend le souffle de Christophe derrière la porte… Ah ! cette clef !… Enfin ! La porte s’ouvre. Un cri joyeux. C’est lui. Il se jette à son cou… Ah ! le méchant, le bon, le cher petit !…