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JEAN-CHRISTOPHE À PARIS

Un rayon de soleil glissa entre les branches mouillées des arbres, qui lentement s’égouttaient. Du petit pré d’en bas montaient des voix enfantines, un vieux lied allemand, candide et touchant, que chantaient trois petites filles, dansant ensemble une ronde autour de la maison ; et de loin, le vent d’ouest apportait, comme un parfum de roses, la voix des cloches de France…

— Ô paix, divine harmonie, sereine musique de l’âme délivrée, où se fondent la douleur et la joie, et la mort et la vie, et les races ennemies, les races fraternelles, je t’aime, je te veux, je t’aurai…


Le voile de la nuit tomba. Christophe, sortant de son rêve, revit près de lui le visage fidèle de l’ami. Il lui sourit et l’embrassa. Puis, ils se remirent en marche, à travers la forêt, en silence ; et Christophe frayait le chemin à Olivier.

Taciti, soli e senza compagnia,
n’andavan l’un dinnanzi, e l’altro dopo,
come i frati minor vanno per via…



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