Page:Rolland - Jean-Christophe, tome 8.djvu/26

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

16
LA FIN DU VOYAGE

l’interview que lui faisait subir le reporter d’un autre journal, pour protester de son amour pour le Deutsches Reich, où l’on était, disait-il, pour le moins aussi libre qu’en République française. — Il parlait au représentant d’un journal conservateur, qui lui prêta sur-le-champ des déclarations anti-républicaines.

— De mieux en mieux ! dit Christophe. Ah ! ça, qu’est-ce que ma musique a à faire avec la politique ?

— C’est l’habitude chez nous, dit Olivier. Regarde les batailles qui se livrent sur le dos de Beethoven. Les uns font de lui un jacobin, les autres un calotin, ceux-là un Père Duchesne, ceux-ci un valet de prince.

— Ah ! comme il leur flanquerait son pied au cul à tous !

— Eh bien, fais de même.

Christophe en avait bien envie. Mais il était trop bon garçon avec ceux qui étaient aimables pour lui. Olivier n’était jamais rassuré, quand il le laissait seul. Car on venait toujours l’interviewer ; et Christophe avait beau promettre de se surveiller : il ne pouvait pas s’empêcher d’être expansif et confiant. Il disait tout ce qui lui passait par la tête. Il arrivait des journalistes femelles, qui se disaient ses amies et le faisaient causer de