Marthe mettait sa main sur la tête de Jacqueline, et la caressait, sans parler.
La fillette se confiait. Elle allait faire visite à sa grande amie, quand son cœur était gonflé. Elle le savait, à quelque moment qu’elle vînt, elle trouverait les mêmes yeux indulgents, qui verseraient en elle un peu de leur tranquillité. Elle ne parlait guère à la tante de ses passionnettes imaginaires : elle en aurait eu honte ; elle sentait que ce n’était point vrai. Mais elle disait ses inquiétudes vagues et profondes, plus réelles, seules réelles.
— Tante, soupirait-elle parfois, je voudrais tant être heureuse !
— Pauvre petite ! disait Marthe, en souriant.
Jacqueline appuyait sa tête contre les genoux de la tante, et baisant les mains qui la caressaient :
— Est-ce que je serai heureuse ? Tante, dis, est-ce que je serai heureuse ?
— Je ne sais pas, ma chérie. Cela dépend un peu de toi… On peut toujours être heureux, quand on veut.
Jacqueline était incrédule.
— Est-ce que tu es heureuse, toi ?
Marthe souriait mélancoliquement.
— Oui.