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LA FIN DU VOYAGE

sont partout les mêmes. Où qu’il fût, il ne lui importait guère, pourvu qu’il fût avec son ami. Il comptait le rejoindre, le matin suivant. On le lui avait promis.

Ils arrivèrent à Laroche. Manousse et Canet ne le quittèrent point qu’ils ne l’eussent vu dans le train qui partait. Christophe se fit répéter l’endroit où il devait descendre, et le nom de l’hôtel, et la poste où il trouverait des nouvelles. Malgré eux, en le quittant, ils avaient des mines funèbres. Christophe leur serra gaiement la main.

— Allons, leur cria-t-il, ne faites pas ces figures d’enterrement. On se reverra, que diable ! Ce n’est pas une affaire ! Nous vous écrirons demain.

Le train partit. Ils le regardèrent s’éloigner.

— Le pauvre diable ! dit Manousse.

Ils remontèrent dans l’auto. Ils se taisaient. Au bout de quelque temps, Canet dit à Manousse :

— Je crois que nous venons de commettre un crime.

Manousse ne répondit rien d’abord, puis il dit :

— Bah ! les morts sont morts. Il faut sauver les vivants.

Avec la nuit qui était venue, l’excitation de