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LA FIN DU VOYAGE

veux bruns aux reflets roux et sur ses joues, d’un teint mat. Elle tendit la main à Christophe, d’un geste raide, le coude serré au corps ; il la prit sans regarder. Il défaillait.

— Je suis venu… essaya-t-il d’expliquer J’ai pensé que voudriez bien… si je ne vous gêne pas trop… me recevoir, un jour…

Braun ne le laissa pas achever.

— Un jour !… Vingt jours, cinquante, autant qu’il vous plaira. Tant que vous serez dans ce pays, vous logerez dans notre maison ; et j’espère que ce sera longtemps. C’est un honneur et un bonheur pour nous.

Ces affectueuses paroles bouleversèrent Christophe. Il se jeta dans les bras de Braun.

— Mon bon Christophe, mon bon Christophe, disait Braun… Il pleure… Eh bien, qu’est-ce qu’il a donc ?… Anna ! Anna !… Vite, il s’évanouit…

Christophe s’était affaissé dans les bras de son hôte. La syncope qu’il sentait venir depuis quelques heures l’avait terrassé.

Quand il rouvrit les yeux, il était couché dans un grand lit. Une odeur de terre humide montait par la fenêtre ouverte. Braun était penché sur lui.

— Pardon, balbutia Christophe, en tâchant de se relever.