Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 3.djvu/176

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— Non ? Tu fais bien. Car il n’y aurait pas de remède.

Il haussa les épaules. Il n’y croyait qu’à moitié ; mais il était intrigué. Comment deux femmes aussi dissemblables pouvaient-elles être sœurs et s’aimer ? … L’énigme de sa mère recommença à l’occuper.

Annette s’était résignée à ne plus tourmenter Marc de son affection soucieuse. Sur le conseil de Sylvie, c’était à elle seule qu’elle la confiait. Marc, moins gêné par sa mère, sentit confusément le manque de cette gêne. Et, les vacances d’été venues, il consentit à Sylvie la grâce d’aller retrouver Annette.

Mais l’épreuve était encore, pour les deux, trop précoce. Annette pouvait de loin modérer son affection. Elle ne le pouvait, de près. Elle avait été trop privée. Depuis des mois, elle mourait de sécheresse. Elle criait dans son cœur après une goutte — non ! des torrents d’amour. Elle avait beau se redire les sages préceptes de Sylvie :

— « Si tu veux que l’on t’aime, ne montre pas trop ton amour !… »

…Est-ce qu’on peut le cacher ? Il faudrait donc qu’on n’aimât qu’à moitié ! Rien à demi ! Pour les deux, mère et fils, c’était tout, ou rien.