Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 3.djvu/177

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— Et puisque c’était tout pour Annette, pour Marc ce fut rien.

Il arrivait pourtant, chargé de sentiments contradictoires, de rancune et d’attrait également brûlants, qui ne demandaient qu’à s’épancher, comme une nuée chargée d’électricité. Mais il n’eut qu’à la rencontrer, cette femme, dont l’âme soufflait comme un grand vent : le feu rentra sous la nuée, et le ciel se vida. Dès le premier contact des mains, des mots, des regards, cette affection absorbante qui posait sur lui sa prise, le fit se rejeter en arrière… Halte-là !… Et ce fut, une fois de plus, le : « Ne me touche pas ! » de l’Évangile…

— Quoi ! même envers ceux qui t’aiment ?

— Surtout envers ceux-là !…

Il ne saurait l’expliquer. Mais la nature le sait. Il ne doit pas se livrer. Ce n’est pas l’heure. Elle le buvait avidement…

— « Cherche ! L’eau a fui. Avec tes doigts, ta bouche, tu peux fouiller le sable… »

Elle le regardait trop ; il sentait ce regard anxieusement inspecter, un à un, tous ses traits ; et, comme toutes les mères, elle s’inquiéta d’abord de sa santé. Les questions minutieuses impatientaient le jeune garçon. Il les écartait, d’un sourire dédaigneux. — De fait, sa santé résistait, malgré l’apparence. Son corps s’était allongé, sa figure