Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 3.djvu/217

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rêve de drapeaux, de gâteaux, de tombeaux… Il fut le premier visage qui accueillit Annette, à son entrée dans la maison. Elle trouva sur son passage, chaque fois qu’elle revint, l’enfant aux yeux avides et désœuvrés, qui s’éclipsait après l’avoir frôlée.

L’ombre baignait la chambre du premier, à haut plafond, à alcôve profonde. Un homme jeune, assis près de l’unique fenêtre, en ce jour pauvre de novembre, se leva de son fauteuil pour saluer Mme  de Mareuil et la visiteuse qu’elle présentait. Mais bien qu’au premier coup d’œil, on vît que, dans cette chambre, la mort tissait sa toile, l’ombre avait épargné le masque du blessé. C’était un de ces visages de la France du centre, qui semblent tout en clarté. Une figure aimable aux traits réguliers, le nez aquilin, la bouche bien dessinée, les yeux très bleus, la barbe blonde. Il sourit à Annette, et remercia sa belle-sœur, d’un regard affectueux.

La conversation courtoise débuta par des considérations vagues sur la santé et le temps. On ne sortait point des prudentes constatations. Mais après un moment, Mme  de Mareuil, discrète, s’éclipsa.

Alors, Germain Chavannes, dont les yeux pénétrants avaient, par touches rapides, étudié les traits d’Annette, lui tendit la main et dit :