Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 3.djvu/30

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pas. Ils savent qu’il faut rendre à César ce qui est à César. Dieu n’est pas exigeant. Il se contente de l’âme. Il abandonne le corps. Et même, il n’émet plus de droits sur l’action. L’intention lui suffit. Et César en profite. Il a tout pris.

Au second, M. Girerd, le professeur de droit, veuf depuis quelques années, habite avec son fils. Du Midi, lui aussi ; mais ce n’est pas du même. Protestant des Cévennes. Se croit libre-penseur : (illusion commune à plus d’un bonnet-carré de notre Université). Mais « parpaillot » dans l’âme, comme diraient (comme disent) les jeunes Bernardin, qui se gaussent en famille de son air engoncé et de sa mine de prédicant de Monsieur l’Amiral. Un très digne homme. Très strict sur les devoirs, et plein de préjugés moraux : (ce sont les pires, car ils sont sans pitié). Avec toute l’estime qu’il a pour ses voisins d’en haut, et la courtoisie un peu raide, mais parfaite, dont il ne se départ jamais, il leur rend, comme on dit, la monnaie de leur pièce. Malgré sa volonté sincère d’impartialité, le catholicisme lui parait comme une tare, un vice de conformation, dont les plus honnêtes gens gardent toujours, quoi qu’ils fassent, les stigmates. Il y voit, sans hésiter, la cause du déclin des nations latines. Il est pourtant historien scrupuleux, qui se défend de la passion, dans