Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 3.djvu/331

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— Eh bien, rentrons chez nous ! Tu as le temps, jusqu’au soir.

— Non, il faut que je m’en retourne, déjà, à la gare.

Marc, assombri, l’observait :

— Eh bien, je t’accompagnerai jusqu’à ton wagon.

Elle devait rentrer encore à son hôtel. Elle ne voulait pas que son fils sût qu’elle y était descendue. Elle ne pouvait lui confier son plan. Pour mille raisons ! Il ne devait pas être compromis dans cette affaire. Et qu’en penserait-il ? Elle n’avait point confiance en lui, en son caractère ; elle le jugeait incapable de comprendre ses idées, et hostile. Non, elle ne pouvait parler ! Une autre vie était en jeu… Mais ne point parler, c’était autoriser tous les soupçons. Déjà, ils étaient éveillés. Qu’imaginait-il de son passage clandestin ? Elle rougissait devant son fils. Elle dit :

— Rentre chez toi, mon petit. La pluie augmente. Tu seras trempé.

Il haussa les épaules :

— Tu n’es pas venue sans paquets. Où les as-tu laissés ? J’irai les prendre et te les porter.

— Je n’ai besoin de personne.

Il ressentit l’offense, mais il feignit de ne pas entendre. Il voulait savoir où elle allait :

— As-tu pris ton billet ?