Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 3.djvu/85

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découcha. Il ne rentra qu’à midi sonnant, pour le repas. Annette avait eu le temps de passer par tous les degrés de l’inquiétude, de la colère et de la peine. Quand il parut, elle ne dit rien. Ils déjeunèrent. Marc, surpris, soulagé, pensait :

— Elle est matée.

Annette rompit le silence :

— Tu t’es sauvé, cette nuit, comme un voleur. J’avais confiance en toi. Je l’ai perdue. Ce n’est pas la première fois que tu en abuses. Je le sais maintenant. Je ne veux pas m’abaisser, t’abaisser, à te surveiller, jour et nuit. Tu ruserais, et cela te rendrait plus fourbe. Je t’emmènerai d’ici. Ici, je ne peux te défendre. L’air est malade. Tu n’es pas assez fort pour résister. Tout ce que tu dis et fais, depuis plusieurs mois, montre que tu prends toutes les contagions. Tu partiras avec moi.

— Pour aller où ?

— En province. Je demande un poste dans un collège.

Marc cria :

— Non !

Il n’avait plus sa belle assurance. Il ne voulait pas quitter Paris. Il consentit à prier sa mère. Il posa la main sur sa main, pressant, câlin :

— Ne le demande pas !

— C’est déjà fait.