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LES PRÉCURSEURS

recherches de Weissmann et la théorie, à présent classique, du plasma germinatif (Keintplasma),[1] Les cellules germinatives continuent, en chaque être, la vie des parents, dont elles sont, au sens le plus réel, des morceaux vivants. La mort ne les atteint pas. Elles passent, immuables, dans nos enfants et dans les enfants de nos enfants. Ainsi, persiste réellement à travers tout l’arbre héréditaire une partie de la même substance vivante. Un morceau de cette unité organique vit en chacun, et par lui nous sommes tous rattachés corporellement à la communauté universelle. Nicolaï indique en passant des rapports surprenants entre ces hypothèses scientifiques des trente dernières années et certaines intuitions mystérieuses des Grecs et des premiers Chrétiens, — le « pneuma êôopoïoun » de l’Écriture, le « pneuma qui engendre » (Saint-Jean, VI, 63), l’Esprit générateur, qui se distingue non seulement de la chair, comme dit Saint-Jean, mais de l’âme, comme il ressort d’un passage de Saint-Paul (Corinth. 15, 43) sur le « sôma pneumatikon », « le corps pneuma-

    trer que l’humanité doit être considérée comme un organisme. « Mais les modernes sont tous (bien qu’ils le nient souvent) infectés de matérialisme… Bien qu’il ne soit pas absolument nécessaire de trouver entre les hommes les ponts de substance réelle (die Brücke realer Substanz), puisque les liens dynamiques suffisent, il faut pourtant satisfaire un besoin matérialiste du temps, et montrer qu’il existe en fait entre tous les hommes de tous les siècles et de tous les pays une liaison effective, une, continue, éternelle. » (P. 367–8.)

  1. D’après cette théorie, dont l’initiateur fut Jäger (1878), il y aurait transmission éternelle d’un protoplasma germinatif héréditaire, emmagasiné à l’intérieur d’un autre plasma dit somatique, celui-ci périssable. Cette hypothèse du plasma immortel a suscité de vives discussions, qui ne sont pas terminées.