Page:Rolland - Les Précurseurs.djvu/184

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
180
LES PRÉCURSEURS

4. Combattez tout ce qui lui nuit, et notamment les traditions mauvaises, les instincts devenus inutiles et malfaisants.

« Scio et volo me esse hominem », écrit Nicolaï, à la dernière page de son livre. « Je sais que je suis homme, et je veux l’être ».

Homme, — il entend par là un être conscient des liens qui l’attachent à la grande famille humaine et de l’évolution qui l’entraîne avec elle, — un esprit qui comprend et qui aime ces liens et ces lois, et qui, en s’y soumettant avec joie, se fait libre et créateur.[1] Homme, il l’est aussi au sens du personnage de Térence, à qui rien d’humain n’est étranger. C’est ce qui fait le prix de son livre, et par moments ses défauts : car dans son avidité de tout embrasser, il ne peut tout

  1. Il faudrait ici faire place, dans cet exposé, à la solution que Nicolaï donne du problème de la liberté. C’est un des chapitres capitaux de son livre. — Comment un biologiste, aussi pénétré du sentiment de la nécessité universelle, peut-il y faire rentrer, sans dommages pour elle, la liberté humaine ? La caractéristique même de ce grand esprit est d’associer en lui ces deux forces rivales et complémentaires. Il a fait une suggestive étude, à la fois philosophique et physiologique, de l’anatomie du cerveau et des possibilités d’avenir presque infinies qui sont contenues en lui, sans que nous en ayons conscience, des milliers de chemins qui y sont inscrits, bien des siècles avant que l’humanité songe à les utiliser. — Mais il faudrait entrer en des développements qui dépassent le cadre de cette étude. Nous renvoyons au chapitre II, p. 58 et suivantes. C’est un modèle d’intuition scientifique.