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LES PRÉCURSEURS

elle est une histoire en petit de l’évolution morale et politique de la Suisse, depuis 1815 ». — Mais toujours à l’avant-garde.

Cette société de trois races et de neuf cantons présente, comme on peut penser, la variété dans l’unité. Un rapport de Louis Micheli, pour l’année 1915-1916 (numéro de novembre 1916), donne un tableau de l’activité des diverses sections, en notant avec finesse les caractéristiques de chacune d’elles.

La section la plus importante, celle qui a pris la tête de la Zofingia, c’est Zurich. Là se sont posés avec le plus d’âpreté les problèmes du jour. Deux partis en présence, aux deux pôles opposés, sensiblement égaux en nombre, et pareillement passionnés : d’une part, les conservateurs, autoritaires et centralisateurs, attachés au « Studentum » vieux style ; de l’autre, les jeunes Zofingiens, à tendances socialistes, idéalistes et révolutionnaires. Pendant un temps, une lutte acharnée entre eux ; chaque parti, dès son arrivée au pouvoir, jetant à bas tout ce qu’avait fait le comité adverse, dans le semestre précédent. Maintenant[1], un esprit plus conciliant s’est établi. Le parti progressiste, renforcé de nombreuses jeunes recrues, est devenu le maître. Il cherche à élargir ses cadres en attirant les autres éléments par sa largeur de pensée et par sa tolérance[2]. Toutefois, il est à noter (selon le rappor-

  1. En 1917. Depuis que cet article a été écrit, de nouvelles luttes se sont élevées, au sein de la Zofingia. La Révolution russe a accentué les désaccords.
  2. Le programme du nouveau Comité (Der Centralausschuss an die Sektionen), publié dans le no d’octobre 1916, a été reproduit partiellement dans le Journal de Genève, du 19 octobre, sous le titre : « Le programme de la jeunesse ». Il affirme la foi « supernationaliste » et l’anti-impérialisme, qu’on verra exposés dans la discussion dont