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à y apporter son aide. Même l’éclatant manifeste d’octobre 1921, que je citerai plus loin, l’Appel de la Vérité, qui consacre la rupture, s’ouvre par le plus magnifique éloge qui ait jamais été écrit de Gandhi.

De son côté, Gandhi témoigne à Tagore un respect affectueux ; et même dans leur désaccord, il s’applique à ne s’en point départir. On sent qu’il lui est pénible d’entrer en polémique avec lui ; et lorsque de bons amis essaient d’attiser le débat, en colportant certains propos intimes, Gandhi leur impose silence, en affirmant tout ce qu’il doit à Tagore[1].

Mais il était fatal que la différence de leurs esprits s’affirmât. Dès l’été de 1920, Tagore avait regretté que la force débordante d’amour et de foi qui était en Gandhi fût mise, depuis la mort de Tilak, au service de la politique. Ce n’était certes pas de gaieté de cœur que Gandhi lui-même s’y était

  1. Ainsi, dans un de ses derniers articles, qu’il intitule : Trop sacré pour être publié (9 février 1922). — Tagore et Gandhi se connaissaient depuis longtemps. Gandhi avait séjourné plus d’une fois à Santiniketan, chez Tagore. Il avait la permission, dit-il, de considérer cette maison comme un lieu de retraite ; et, pendant qu’il était en Angleterre, ses enfants y furent élevés.