Page:Rolland - Mahatma Gandhi.djvu/132

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morale de l’éducation littéraire d’Europe, qui n’a rien de commun avec celle du caractère, et qu’il accuse d’avoir dévirilisé la jeunesse de l’Inde, il condamne les brutalités commises, et proteste de sa liberté d’esprit :

« Je ne tiens pas à ce que ma maison soit bloquée de tous les côtés et à ce que mes fenêtres soient bouchées. Je tiens à ce que le souffle des cultures de tous les pays circule librement à travers ma demeure, mais je me refuse à me laisser emporter par lui. Ma religion n’est pas une religion de prison. Elle a une place pour la moindre créature de Dieu. Elle est fermée à l’insolent orgueil de race, de religion et de couleur. »

Ce sont de nobles paroles. Elles ne désarment pas l’inquiétude de Tagore. Il ne doute point de Gandhi. Mais il craint les Gandhistes. Et, dès ses premiers pas dans l’Inde, après son débarquement, en août 1921, il est suffoqué par leur croyance aveugle aux affirmations du maître. Il voit proche la menace d’un despotisme mental ; et, dans sa Modern Review, il publie, le 1er octobre, un véritable manifeste : L’Appel de la Vérité, qui s’élève contre cette mentalité d’esclaves. La protestation est d’autant plus frappante qu’elle est précédée d’un splendide hommage à la