Page:Rolland - Mahatma Gandhi.djvu/162

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« Je sais, continue Gandhi, que cela semblera d’une politique peu sage ; mais cela est raisonnable selon la religion. Le pays aura gagné par mon humiliation et par la confession de mon erreur. La seule vertu à laquelle j’aspire, c’est la Vérité et la Non-violence. Je ne prétends nullement à des facultés surhumaines. Je n’y tiens point. Je porte la même chair corruptible que le plus faible, et je suis aussi exposé à l’erreur. Mes services ont bien des limitations ; mais Dieu jusqu’ici les a bénis, en dépit des imperfections… La confession de l’erreur est un coup de balai… Je me sens plus fort parce que je me suis confessé, et la cause doit gagner, du fait même de son recul. Jamais homme n’a atteint son but, en persistant à dévier du droit chemin… On m’objecte que le crime de Chauri-Chaura n’a rien à voir avec l’action projetée de Bardoli. Je n’en doute point. Le peuple de Bardoli est, à mon avis, le plus pacifique de l’Inde. Mais Bardoli n’est qu’un point. Son effort ne peut réussir que s’il y a corrélation parfaite entre lui et les autres parties de l’Inde… Un grain d’arsenic dans un pot de lait l’empoisonne… Chauri-Chaura est un poison mortel… Il n’est pas unique et isolé. Il est un symptôme aggravé de violences populaires à l’état sporadique, çà et là répandues… La véritable Désobéissance civile ne comporte aucune excitation. Elle est une préparation à la souffrance muette. Son effet est merveilleux, quoique imperceptible et doux… La tragédie de Chauri-Chaura est le doigt indicateur sur notre route. Si nous ne voulons pas que la violence sorte de la non-violence, nous devons revenir en hâte sur nos pas, rétablir une atmosphère de calme, et ne pas songer