Page:Rolland - Mahatma Gandhi.djvu/175

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suis profondément fâché ; et c’est pourquoi je suis ici pour me soumettre, non à un châtiment léger, mais au plus lourd. Je ne demande pas miséricorde, je ne plaide aucune circonstance atténuante. Je suis ici pour demander et pour accepter joyeusement la plus haute peine qui puisse être infligée pour ce qui, selon la loi, est un crime délibéré, et qui me paraît, à moi, le premier devoir d’un citoyen. Juges, vous n’avez pas le choix : démissionnez, ou châtiez-moi !… »

Après cette improvisation énergique, où s’équilibrent magnifiquement les scrupules d’une conscience religieuse et l’héroïque fermeté du chef politique, Gandhi lut une déclaration écrite, qui s’adresse au public de l’Inde et de l’Angleterre. Il leur doit, dit-il, de leur faire connaître « pourquoi, de loyaliste et de coopérateur fervent au régime britannique », il est devenu « désaffectionné et non-coopérateur intransigeant ». Il refait le tableau de sa vie publique depuis 1893. Il rappelle tout ce qu’il a eu à souffrir, comme Indien, du système britannique, ses efforts de vingt-cinq ans pour l’améliorer, dans l’illusion obstinée que ce serait possible sans détacher l’Inde de l’Empire. Jusqu’en 1919, malgré tous les déboires, il a défendu la coopération. Mais outrages et forfaits ont