Page:Rolland - Mahatma Gandhi.djvu/177

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entre le juge Broomsfield et le Mahâtmâ :

— « Monsieur Gandhi, en reconnaissant les faits, vous avez rendu ma tâche aisée, dans une certaine mesure. Mais la détermination d’une juste sentence est des plus difficiles qu’un juge ait à prendre… Il est impossible de paraître ignorer que vous êtes aux yeux de millions d’hommes un grand chef et un grand patriote. Même ceux qui diffèrent de vous en politique vous regardent comme un homme de haut idéal, d’une vie noble et même sainte… Mais mon devoir est de vous juger seulement comme homme sujet de la loi… Il y a probablement peu de personnes dans l’Inde qui ne regrettent sincèrement que vous ayez rendu impossible à un gouvernement de vous laisser en liberté. Mais c’est ainsi… J’essaie de mettre en balance ce qui vous est dû avec l’intérêt public… »

Courtoisement, il consulte l’accusé sur la peine qui pourrait lui être infligée. Il lui propose l’exemple de la sentence prononcée, douze ans auparavant, contre Tilak : six ans d’emprisonnement… « Ne le considérerez-vous pas comme déraisonnable ?… Si, par suite des événements, il est possible de réduire ce temps,