Page:Rolland - Mahatma Gandhi.djvu/201

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qui reconnut une appendicite grave en pleine crise. Sans l’esprit de décision du chirurgien, Gandhi était perdu. Maddock n’attendit pas d’avoir les autorisations nécessaires ; il prit sur lui d’emmener Gandhi sur-le-champ dans son auto à l’hôpital Sassoon de Poona ; il le mit sur une civière, qu’il porta lui-même avec l’aide de quelques étudiants ; et, le soir (samedi 12 janvier), il l’opéra. Au dehors, nul ne savait rien ; la famille ne fut prévenue qu’après. Mais, à l’intérieur de l’hôpital, et dans les milieux officiels, l’anxiété était extrême. La responsabilité qui pesait sur les autorités anglaises était formidable. Si le Mahâtmâ mourait, l’Inde entière se soulevait.

Seul, le Mahâtmâ gardait son calme et sa douceur. Afin d’atténuer leur périlleuse charge, au cas d’un résultat fatal, les autorités firent appeler comme témoin, une heure avant l’opération, un chef du parti libéral indien, Sastri, qui avait été un des adversaires politiques de Gandhi, mais que celui-ci estimait. Et Sastri a publié le récit de cette heure angoissante[1].

  1. Swarajya, Madras, mardi 15 janvier.