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se soulevèrent au Natal : Gandhi prit part à la guerre, à la tête d’un corps de brancardiers, et le gouvernement de Natal l’en remercia publiquement.

Ces services chevaleresques ne désarmaient pas la fureur xénophobe. Jeté en prison à diverses reprises[1] — (et même peu après les remerciements officiels pour la guerre du Natal) — condamné à la réclusion et aux travaux forcés, bâtonné par la populace furieuse[2], une fois laissé pour mort, Gandhi connut toutes les souffrances et toutes les humiliations. Rien n’altéra sa foi. Elle grandit par l’épreuve. C’est en 1908 qu’il écrivit, en réponse à l’école de la violence dans l’Afrique du Sud, son fameux petit livre : Hind Swarâj (Home Rule Indien), l’Évangile de l’amour héroïque[3].

La lutte se maintint pendant vingt ans, et elle atteignit son maximum d’âpreté entre

  1. Il a raconté lui-même, avec une tranquille bonhomie, ses expériences de prison, en un curieux article, reproduit dans le volume : Speeches and writings of M. K. Gandhi, Natesan, Madras, pages 152-178.
  2. En 1907, par ses propres compatriotes : car il eut à la fois à souffrir de la violence des oppresseurs et de celle des opprimés ; à ceux-ci la modération de Gandhi était suspecte, et le gouvernement faisait ce qu’il pouvait pour le compromettre.
  3. J’y reviendrai plus loin.