Page:Rolland - Mahatma Gandhi.djvu/43

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tiel de l’édifice reste toujours la crypte : elle est vaste et profonde, et faite pour porter une bien autre cathédrale que celle qu’il faut bâtir hâtivement ; elle seule est durable, le reste est provisoire et destiné à l’usage des années de transition. Il importe donc de connaître cette église souterraine, où la pensée de Gandhi a ses solides assises. C’est là qu’il fait retraite, chaque jour, afin de reprendre des forces pour l’action d’en haut.

Gandhi croit avec ferveur en la religion de son peuple, l’Hindouisme ; mais non pas en savant, attaché aux textes ; et pas davantage en dévot sans critique, qui accepte aveuglément toute tradition. Sa religion a pour double contrôle sa conscience et sa raison.

« Je ne ferais pas un fétiche de la religion, et je n’excuse pas n’importe quel mal, en son nom sacré…[1]. Je n’ai aucun désir d’entraîner un seul être avec moi, si je ne peux en appeler à sa raison. Je vais jusqu’à rejeter la divinité des plus antiques Shâstras, si elles ne convainquent pas ma raison… »[2].

  1. 27 octobre 1920.
  2. Juillet 1920. — « Ma croyance n’exige pas que je considère tous les versets comme divinement inspirés… Je me refuse à être lié par aucune interprétation, quelque savante qu’elle soit, si elle répugne à la raison et au sens moral… » (6 octobre 1921).