Page:Rolland - Mahatma Gandhi.djvu/47

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« — Ne l’aviez-vous pas eue avant, par la lecture des livres hindous ?

— Non, insiste Gandhi. Je connaissais et j’admirais, avant, la Bhagavad Gîtâ. Mais ce fut le Nouveau Testament qui m’éveilla à la valeur de la Résistance Passive. Je débordais de joie, en le lisant. La Bhagavad Gîtâ fortifia cette impression ; et Le Royaume de Dieu est en vous, de Tolstoy, lui donna une forme durable. »[1]

Il ne faut pas oublier, en effet, que ce croyant asiatique est nourri de Tolstoy[2],

  1. Il dit encore à Joseph J. Doke :

    « Dieu s’est incarné, sous des formes diverses, à travers les âges. Dans la Gitâ, Krishna dit : Quand la religion tombe en décadence, quand l’irréligion prévaut, alors je me manifeste. Pour la protection du bien, pour la destruction du mal, pour le ferme établissement du Dharma, je renais encore et toujours.

    Le Christianisme fait partie de ma théologie. Le Christ est une resplendissante révélation de Dieu. Mais non la révélation unique. Je ne la vois pas sur un trône solitaire… »

  2. La brochure de l’Hind Swarâj contient, à la fin, une liste dressée par Gandhi de six ouvrages de Tolstoy, qu’il conseille de lire (notamment : Le Royaume de Dieu est en vous, Qu’est-ce que l’Art ? Que faire ? ) — Il parle à Joseph J. Doke de la profonde influence que Tolstoy exerça sur lui. Mats il ajoute qu’il ne l’a pas suivi dans ses idées politiques. — À une question qui lui est posée, en 1921 : « Dans quels rapports êtes-vous avec le comte Tolstoy ? » Gandhi répond dans Young India (25 octobre 1921) : « Ceux d’un admirateur dévot, qui lui doit beaucoup dans la vie. »