Page:Rolland - Mahatma Gandhi.djvu/64

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« Là où il n’y a le choix qu’entre lâcheté et violence, je conseillerai violence[1]. Je cultive le courage tranquille de mourir sans tuer. Mais qui n’a pas ce courage, je désire qu’il cultive l’art de tuer et d’être tué, plutôt que de fuir honteusement le danger. Car celui qui fuit commet une violence mentale : il fuit, parce qu’il n’a pas le courage d’être tué en tuant[2]. Je risquerais mille fois la violence, plutôt que l’émasculation de toute une race…[3]. Je préférerais de beaucoup voir l’Inde recourir aux armes pour défendre son honneur, plutôt que de rester lâchement témoin de son propre déshonneur… »[4]

« Mais, ajoute-t-il, je sais que la Non-violence est infiniment supérieure à la violence, que le pardon est plus viril que le châtiment. Le pardon est la parure du soldat. Mais s’abstenir de punir n’est pardon que quand existe le pouvoir de punir. Il n’a aucun sens, de la part d’une créature impuissante… Je ne crois pas l’Inde impuissante. Cent mille Anglais ne peuvent effrayer trois cent millions d’êtres humains… Et d’ailleurs, la force n’est pas dans les moyens physiques, elle réside dans une volonté indomptable… Non-violence n’est pas soumission bénévole au malfaisant. Non-violence

  1. 11 août 1920.
  2. 20 octobre 1921.
  3. 4 août 1920.
  4. 11 août 1920. Une des Observances de l’École Satyâgraha Ashram, fondée par Gandhi, est l’absence de peur, l’âme libérée de la crainte des rois, des peuples, des castes, des familles, des hommes et des bêtes sauvages, de la mort ».

    C’est aussi Ia quatrième condition de la Résistance non-violente dans l’Hind Swarâj. (Les trois autres sont la Chasteté, la Pauvreté, la Vérité).