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corps de troupes français et allemands, et élaborant les plans pour la défense commune. La Pologne et la Belgique seraient englobées d’office dans la Grande Armée. Et l’on ne refuserait pas d’y accepter l’Angleterre, si elle se montrait disposée à entrer dans la danse[1].

Monstrueuse machine ! Et contre qui ? On ne mobilise pas de pareilles forces, pour rester ensuite les bras croisés !… Des benêts de France se sont hâtés de répéter docilement la leçon serinée par Rechberg : « Nous allons refaire l’empire de Charlemagne !… » — Grand merci ! Pauvres idiots !… Et où sera le Charlemagne ? Qui ne voit qu’ils vont refaire d’abord une Allemagne-Autriche, livrée à la caste militaire ? Et, dans l’association européenne, qui donc sera de taille à lui tenir tête ?… — Mais en attendant que l’Empire du Centre reconstitue sa domination, je répète ma question : contre qui le bloc franco-belgo-polono-germanique, grossi peut-être du British Empire, dirigera-t-il ses batteries ? — À en juger par les indiscrétions échappées à certains interlocuteurs de M. Reber, tout le reste du monde serait visé : aussi bien l’Italie fasciste que la Russie bolchevique, voire l’Amérique, contre laquelle se ferait la grève des débiteurs, montrant les dents.

Il n’est guère prudent de l’annoncer. M. Rechberg s’est hâté de démentir (14 octobre 1929) les dangereux bavardages de ses lieutenants, en ce qui concerne l’Italie ; et il s’en est tenu aux déclarations qu’il avait signées et

  1. On trouvera dans l’énoncé de l’accord militaire franco-allemand publié, sous la signature de Arnold Rechberg, par l’Agence Havas du 30 septembre 1929, les autres conditions souscrites par la France, toutes en faveur de l’Allemagne impérialiste, et n’hésitant pas à lui sacrifier, si besoin est, ses alliés, à commencer par « la Sainte Pologne ».