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d’envisager la « troisième guerre » : car elle est là, — elle vient.

Stratégiquement parlant, quelles plus grandes chances a d’agir l’objecteur de conscience, dans la guerre qui va venir ? — En organisant le Refus collectif, surtout dans les organismes de guerre capitaliste-industrielle et nationale (le « national » étant appelé à servir, de plus en plus, d’étiquette aux intérêts du capitalisme industriel) : grèves d’arsenaux, d’usines et de transports.

Ne craignez pas trop d’être ou de paraître « complices » de la Révolution ! Quoi que vous fassiez, vous savez bien que vous serez taxés de l’être. Les pacifistes, les internationalistes, sont couramment appelés bolchéviks par les partis de réaction. Vous venez de voir interdire en Suisse une conférence de Pioch contre la guerre. La Confédération Helvétique n’est pas plus tendre pour Gandhi que pour Staline. L’objection de conscience est, dès à présent, pour elle, une complice de Moscou.

Vous avez, vous, objecteurs, deux actions à distinguer :

1o Votre conscience, votre « âme » à sauver ;

2o Votre communauté à sauver, ou à protéger.

Je souhaiterais que vous ne vous contentiez pas de la première. Gandhi unit les deux préoccupations. Il ne voudrait pas sauver son âme, aux dépens de la communauté. Il a pour exemple ce Bôddhisatvâ, qui se refuse au Salut, avant d’y avoir conduit les autres hommes, et qui retourne indéfiniment à eux, pour porter avec eux leurs épreuves. Ne vous retirez jamais du combat !

R. R.

Cette lettre a pour complément la réplique suivante à une lettre de Georges Pioch, président de la Ligue internationale des Combattants de la Paix :