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2. — APPEL POUR L’ENTR’AIDE FRANCO-ALLEMANDE[1].


Les peuples sont le jouet de la politique et de la finance ; et malheureusement, ils ne sont pas encore assez organisés pour mettre fin à ce sinistre jeu d’antagonismes et de tractations véreuses qui les ruinent également. Car qui ne sait les honteux marchés de l’heure actuelle, où la victoire comme la défaite sont devenues une affaire pour les hommes de proie des deux pays ?

Mais si nous n’avons pas réussi encore, en France et en Allemagne, à former, ainsi qu’en Angleterre, un puissant parti d’opinion éclairée et de presse indépendante, qui contrôle de près les gouvernements et renverse leurs louches combinaisons, nous disposons au moins d’une force de protestation qui peut se faire entendre au delà des frontières. Même contraints de subir une funeste politique, nos deux peuples ont le pouvoir et ils ont le devoir de proclamer qu’ils la désapprouvent, de condamner publiquement les actes d’oppression et d’excitations haineuses, par lesquels on tâche de maintenir entre eux une désunion profitable à leurs seuls exploiteurs nationaux. Surtout, ils ne doivent négliger aucune occasion d’affirmer leur solidarité dans la peine et les ruines de la monstrueuse catastrophe, où ils se sont trouvés jetés l’un contre l’autre, les yeux bandés. Il n’est, pour réparer de tels maux, qu’une parole magique : l’Entr’aide. Sa valeur

  1. Adressé à la section française de la Ligue internationale des Femmes pour la Paix et la Liberté (janvier 1924).