Page:Rolland - Vie de Beethoven.djvu/41

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superbement héroïque, de la Sonate à l’empereur Alexandre. Un caractère guerrier, spécial à cette musique, rappelle l’époque d’où elle est sortie. La Révolution arrivait à Vienne. Beethoven était emporté par elle. « Il se prononçait volontiers, dans l’intimité, dit le chevalier de Seyfried, sur les événements politiques, qu’il jugeait avec une rare intelligence, d’un coup d’œil clair et net. » Toutes ses sympathies l’entraînaient vers les idées révolutionnaires. « Il aimait les principes républicains », dit Schindler, l’ami qui le connut le mieux dans la dernière période de sa vie. « Il était partisan de la liberté illimitée et de l’indépendance nationale… Il voulait que tous concourussent au gouvernement de l’État… Il voulait pour la France le suffrage universel, et il espérait que Bonaparte l’établirait, et jetterait ainsi les bases du bonheur du genre humain. » Romain révolutionnaire, nourri de Plutarque, il rêvait d’une République héroïque, fondée par le dieu de la Victoire : le premier Consul ; et, coup sur coup, il forge la