Page:Rolland - Vie de Beethoven.djvu/53

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vieil ami, il n’y a rien de diabolique sur votre visage. » Beethoven répondit : « C’est que mon bon ange m’a visité. » — La blessure fut profonde. « Pauvre Beethoven, dit-il lui–même, il n’est pont de bonheur pour toi dans ce monde. Dans les régions de l’idéal seulement, tu trouveras des amis.[1] »

Il écrit dans ses notes : « Soumission, soumission profonde à ton destin : tu ne peux plus exister pour toi, mais seulement pour les autres ; pour toi, il n’y a plus de bonheur qu’en ton art. O Dieu, donne-moi la force de me vaincre ! »


Il est donc abandonné par l’amour. En 1810, il se trouve seul ; mais la gloire est venue, et le sentiment de sa puissance. Il est dans le force de l’âge. Il se livre à son humeur violente et sauvage, sans se soucier de

  1. À Gleichenstein (Nohl, Neue Briefe Beethovens, XXXI).