Page:Rolland - Vie de Beethoven.djvu/94

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

elle un Dieu. Il semble que dans sa communion de tous les instants avec la nature[1], il ait fini par s’en assimiler les énergies profondes. Grillparzer, qui admirait Beethoven avec une sorte de crainte, dit de lui : « Il alla jusqu’au point redoutable où l’art se fond avec les éléments sauvages et capricieux. » Schumann écrit de même de la Symphonie en ut mineur : « Si souvent qu’on l’entende, elle exerce sur nous une puissance invariable, comme ces phénomènes de la nature, qui, si fréquemment qu’ils se reproduisent, nous remplissent toujours de crainte et d’étonnement ». Et Schindler, son confident : « Il s’empara de l’esprit de la nature ». — Cela est vrai : Beethoven est une force de la nature ; et c’est un spectacle d’une grandeur homérique, que ce combat d’une

  1. « Beethoven m’enseigna la science de la nature, et me dirigea dans cette étude comme dans celle de la musique. Ce n’étaient pas les lois de la nature, mais sa puissance élémentaire qui l’enchantait. » (Schindler.)