Page:Rolland - Vie de Tolstoï.djvu/139

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toute la terre dont il fera le tour, en marchant pendant une journée. Et il meurt en arrivant.

Sur la colline, le starschina, assis par terre, le regardait courir, et il s’esclaffait, se tenant le ventre à deux mains. Et Pakhom tomba.

— « Ah ! Bravo, mon gaillard, tu as acquis beaucoup de terre. »

Le starschina se leva, jeta au domestique de Pakhom une pioche :

— « Voilà, enterre-le. »

Le domestique resta seul. Il creusa à Pakhom une fosse, juste de la longueur des pieds à la tête : trois archines, — et il l’enterra.

Presque tous ces contes renferment sous leur poétique enveloppe la même morale évangélique de renoncement et de pardon :

Ne te venge pas de qui t’offense[1].

Ne résiste pas à qui te fait du mal[2].

C’est à moi qu’appartient la vengeance, dit le Seigneur[3].

Et partout et toujours, pour conclusion, l’amour. Tolstoï, qui voulait fonder un art pour tous les hommes, a atteint du premier coup à l’universa-

  1. Feu qui flambe ne s’éteint plus (1885).
  2. Le Cierge (1885) ; — Histoire d’Ivan l’Imbécile.
  3. Le Filleul (1886).

    Ces récits populaires ont été publiés dans le t. xix des Œuvres complètes.