Page:Rolland Clerambault.djvu/161

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Clerambault rentra de l’hôpital et, s’enfermant dans sa chambre, il se mit à écrire. Mme Clerambault une fois voulut entrer, s’informa de ce qu’il faisait, avec une sorte de méfiance. On eût dit qu’une intuition, bien rare chez cette brave femme qui ne devinait jamais rien, lui inspirât une crainte obscure de ce que son mari préparait. Il réussit à défendre sa retraite, jusqu’à ce qu’il eût achevé. D’ordinaire, il ne faisait grâce aux siens d’aucune de ses lignes : c’était un plaisir de naïve, d’affectueuse vanité ; c’était aussi un devoir de tendresse, dont pas plus qu’eux il n’aurait pu se passer. Cette fois, il s’en dispensa, et il évita de s’en avouer les raisons. Quoiqu’il fût loin d’imaginer les conséquences de son acte, il avait peur des objections ; et il n’était pas assez sûr de lui pour s’y exposer ; il voulait mettre les autres en face du fait accompli.

Son premier cri était pour s’accuser :

« Ô Morts, pardonnez-nous ! »

Cette Confession publique portait en épigraphe la phrase musicale d’une vieille plainte de David, pleurant sur le corps de son fils Absalon :