Page:Rolland Clerambault.djvu/166

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Sans consulter personne, il alla porter ces pages, à peine écrites, chez un petit éditeur socialiste du quartier. Il revint, soulagé. Il pensait :

— Maintenant, j’ai parlé. Cela ne me regarde plus.

Mais, la nuit qui suivit, il perçut brusquement, par un coup dans la poitrine, que cela le regardait plus que jamais. Il s’éveilla…

— Qu’est-ce que j’ai fait ?

Il éprouvait une souffrance de pudeur, à livrer au public sa douleur sacrée. Et sans imaginer qu’elle pût soulever des colères, il avait le sentiment des incompréhensions, des commentaires grossiers, qui sont des profanations.

Les journées suivantes passèrent. Il ne se produisit rien. Silence. L’appel avait plongé dans l’inattention publique. L’éditeur était peu connu, le lancement de la brochure négligemment fait. Et il n’y a pire sourd que qui ne veut pas entendre. Les quelques lecteurs qu’avait attirés le nom de Clerambault avaient, dès