Page:Rolland Clerambault.djvu/168

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celui que je fus aussi) Comme tu nous as trompés ! Ta voix nous semblait celle de l’amour fraternel ; tu nous appelais à toi afin de nous unir : plus d’isolés ! Tous frères ! A chacun tu prêtais les forces de milliers d’autres ; tu nous faisais aimer notre ciel, notre terre et l’œuvre de nos mains ; et nous nous aimions tous en t’aimant Où nous as-tu conduits ? Ton but, en nous unissant, était-il seulement de nous faire plus nombreux, pour haïr et pour tuer ? Ah ! nous avions assez de nos haines isolées. Chacun avait son faix de ses mauvaises pensées ! Du moins, en y cédant, nous les savions mauvaises. Mais toi, tu les nommes sacrées, empoisonneuse des âmes…

Pourquoi ces combats ? Pour notre liberté ? Tu fais de nous des esclaves. Pour notre conscience ? Tu l’outrages. Pour notre bonheur ? Tu le saccages. Pour notre prospérité ? Notre terre est ruinée Et quand avons-nous besoin de nouvelles conquêtes, quand le champ de nos pères nous est devenu trop grand ? Est-ce pour l’avidité de quelques dévorants ? La patrie a-t-elle pour mission d’emplir ces ventres, avec le malheur public ?

Patrie vendue aux riches, aux trafiquants de l’âme et du corps des nations. Patrie qui es leur complice et leur associée, qui couvres leurs vilenies de ton geste héroïque, — prends garde ! Voici l’heure où les peuples secouent leur vermine, leurs dieux, leurs maîtres qui les abusent ! Qu’ils poursuivent parmi eux les coupables ! Moi, je vais droit au Maître, dont l’ombre les couvre tous. Toi qui trônes impassible, tandis que les