Page:Rolland Clerambault.djvu/180

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L’attaque injurieuse ne resta pas isolée. Une fois le grelot attaché, il ne cessa plus de tinter. Mais dans le tumulte général, son bruit se fût perdu, sans l’acharnement d’une voix, qui groupa contre Clerambault tout le chœur des malignités diffuses.

C’était celle d’un de ses plus anciens amis, l’écrivain Octave Berlin. Ils avaient été camarades au lycée Henri IV. Le petit Parisien Bertin, fin, élégant, précoce, avait accueilli les avances gauches et enthousiastes de ce grand garçon qui arrivait de sa province, aussi dégingandé de corps que d’esprit, les bras, les jambes qui n’en finissaient pas dans des vêtements trop courts, un mélange de candeur, d’ignorance naïve, de mauvais goût, d’emphase, et de sève débordante, de saillies originales, d’images saisissantes. Rien n’avait échappé aux yeux malins et précis du jeune Bertin, ni les ridicules ni les richesses intérieures de Clerambault. Tout compte fait, il l’avait agréé pour intime. L’admiration que lui témoignait Clerambault n’avait pas été sans influence sur sa déci-