Page:Rolland Clerambault.djvu/190

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A peu près dans le même temps, Clerambault reçut la visite d’un jeune permissionnaire, ami de la famille. Ingénieur, fils d’ingénieur, Daniel Favre, dont la vive intelligence n’était pas bornée par son métier, s’était depuis longtemps épris de Clerambault : les puissantes envolées de la science moderne ont singulièrement rapproché son domaine de celui de la poésie ; elle est devenue elle-même le plus grand des poèmes, Daniel était un lecteur enthousiaste de Clerambault ; ils avaient échangé d’affectueuses lettres ; et le jeune homme, dont la famille était en relations avec les Clerambault, venait souvent chez eux, peut-être pas uniquement pour la satisfaction d’y rencontrer le poète. Les visites de cet aimable garçon, âgé d’une trentaine d’années, grand, bien découplé, aux traits forts, au sourire timide, avec des yeux très clairs dans un visage hâlé, étaient bien accueillies ; et Clerambault n’était pas seul à y trouver plaisir. Il eût été facile à Daniel de se faire affecter à un service de l’arrière, dans une usine métallurgique ; mais il avait demandé à ne pas quitter son poste péril-