Page:Rolland Clerambault.djvu/208

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elle tend, au bout de la ligne de l’Église ou de l’État, la mort comme un appât…

Scribes et Pharisiens, hypocrites, malheur à vous ! Politiciens et prêtres, artistes, écrivains, coryphées de la mort, vous êtes pleins, au dedans, d’ossements et de pourriture. Ah ! vous êtes bien les fils de ceux qui tuèrent le Christ. Comme eux, vous écrasez les épaules des hommes de fardeaux monstrueux que vous ne remueriez pas seulement du bout du doigt. Comme eux, vous crucifiez ; et ceux qui veulent aider les peuples infortunés, ceux qui viennent parmi vous, portant dans leurs mains la paix, la paix bénie, vous les emprisonnez et vous les outragez, et, comme dit l’Écriture, vous les pourchasserez de cité en cité, jusqu’à ce que tout le sang répandu sur la terre retombe en pluie sur vous.

Pourvoyeurs de la mort, vous ne travaillez que pour elle. Vos patries ne sont faites que pour asservir l’avenir au passé et ligoter aux morts pourrissants les vivants. Vous condamnez la vie nouvelle à perpétuer peureusement les rites vides des tombeaux Ressuscitons ! Sonnons les Pâques des vivants !

Hommes, il n’est pas vrai que vous soyez les esclaves des morts et, par eux, enchaînés comme les serfs à la terre. Laissez les morts enterrer les morts et s’enterrer avec eux ! Vous êtes fils des vivants, et, à votre tour, vivants. Frères jeunes et sains, brisez la torpeur neurasthénique, secouée d’accès de frénésie, qui pèse sur les âmes asservies aux patries du passé. Soyez maîtres du jour, et maîtres du passé, pères et fils de vos