Page:Rolland Clerambault.djvu/323

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lescence, il rencontra Rosine. C’était près du square du Bon Marché. Il hésita, un instant. Mais elle n’hésita pas ; elle vint à lui, ils entrèrent dans le square et commencèrent un long entretien qui, d’abord embarrassé, entrecoupé de reproches et d’aveux, aboutit à un parfait accord. Ils étaient si bien absorbés dans leurs tendres explications qu’ils ne virent point passer Mme Clerambault. La bonne dame, suffoquée de cette rencontre à laquelle elle était loin de s’attendre, se hâta de rentrer au logis pour faire part de la nouvelle à Clerambault : — car elle ne pouvait se tenir de lui parler, malgré leur mésentente. A son récit indigné, (elle ne pouvait admettre l’intimité de sa fille avec un homme dont la famille leur avait fait un affront), Clerambault ne répondit rien, selon sa nouvelle habitude. Il souriait, hochait la tête, et finalement il dit :

— Parfait.

Mme Clerambault s’interrompit, haussa les épaules, et fit mine de sortir ; près de la porte de la chambre, elle se retourna et dit avec dépit :

— Ces gens t’ont insulté ; ta fille et toi vous étiez d’accord pour qu’on cessât de les voir. À présent, ta fille qui s’est fait refuser par eux leur fait des avances ; et tu trouves cela parfait ! Il n’y a plus moyen de comprendre. Vous êtes fous.

Clerambault essaya de lui prouver que le bonheur de sa fille n’était pas qu’elle pensât comme lui, et que Rosine avait bien raison de réparer pour son compte les sottises de son père.

— Tes sottises Oh ! pour cela, fit Mme Cleram-