Page:Rolland Clerambault.djvu/358

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C’était le Vendredi-Saint. La grande marée de l’invasion montait à l’assaut de l’Île-de-France. Le jour de deuil sacré n’avait pas suspendu le massacre. La guerre laïque ne connaît plus la Trêve de Dieu. Christ venait d’être bombardé, dans une de ses églises. La nouvelle de l’explosion meurtrière de Saint-Gervais, à la tombée du jour, se répandait, avec la nuit, dans Paris sans lumière, qui s’enveloppait de deuil, de fureur et de peur.

Les amis attristés étaient réunis chez Froment. Sans s’être donné le mot, chacun était venu, parce qu’il savait trouver les autres. Ils voyaient de tous côtés la violence, dans le présent, dans l’avenir, chez l’ennemi, chez les leurs, dans le camp de la réaction comme de la révolution. Ils fondaient leur angoisse et leurs doutes en une même pensée. Et le sculpteur disait :

— Nos saintes convictions, notre foi dans la paix, dans la fraternité humaine, reposent en vain sur la raison et l’amour. N’y a-t-il donc aucun espoir qu’elles conquièrent les hommes ? Nous sommes trop faibles !…